Le soutien au pouvoir d’achat en cas de persistance de la hausse des prix nécessiterait des mesures urgentes, notamment sous forme d’aides ciblées distribuées aux catégories les plus vulnérables qui ont subi les effets du renchérissement du coût de la vie. De plus, et sur le plan du fonctionnement du marché, il est impératif à l’heure actuelle d’élargir l’étendue et de renforcer la fréquence du contrôle et du respect de la concurrence dans les différents secteurs, en particulier ceux relatifs aux biens de première nécessité et des produits de base, afin de combattre toute pratique d’entente ou d’abus de position dominante pouvant détériorer davantage le pouvoir d’achat des citoyens. En proie à une crise économique et financière aiguë depuis des années, la Tunisie connaît régulièrement des pénuries touchant de nombreux produits de base et de grande consommation. En plus de la farine et de la semoule, d’autres produits sont quasiment absents des étalages à l’instar du lait, du sucre (détourné via d’autres circuits), du café, du riz… Des pénuries provoquées par la spéculation et la désorganisation des circuits de distribution. Prenant son mal en patience, le citoyen tunisien a fini par s’adapter à cette nouvelle donne devenue structurelle, recourant à des méthodes souvent détournées pour s’approvisionner. Au moment où les Tunisiens s’attendent à des mesures concrètes permettant d’assurer un approvisionnement régulier du marché en produits alimentaires de base, le ministère du Commerce et du Développement des exportations a, en premier lieu, recouru au gel des prix de plusieurs produits non administrés, et ensuite à la vente de l’huile d’olive extra vierge, produite par l’Office national de l’huile, à un prix préférentiel fixé à 15 dinars le litre. De son côté, le ministère de l’Agriculture vient de lancer une nouvelle expérience de production de pain complet avec une nouvelle farine riche en fibres. Cette farine, extraite du blé tendre, servira à fabriquer des baguettes avec une meilleure valeur nutritive et au même prix que les baguettes classiques (190 millimes). L’objectif étant de mieux gouverner la filière céréalière, répondre aux besoins du consommateur… C’est une solution aussi pour faire face aux changements climatiques, d’autant plus que la récolte céréalière n’a pas dépassé 0,3 million de tonnes contre des prévisions estimées à 1,2 et 1,5 million de tonnes. Ces décisions s’inscrivent dans le cadre d’une série de mesures prises pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens et réduire les prix. Le tout est de savoir si ces mesures seraient suffisantes pour mettre un terme à la spirale des pénuries et de l’inflation qui ne font que s’autoalimenter. En effet, le ministère du Commerce a promis la fin de la pénurie persistante de plusieurs produits de base, notamment le lait et la farine, en rupture de stock dans les points de vente à travers le pays. D’ailleurs, les spécialistes et experts économiques s’accordent à confirmer que ces pénuries à répétition cachent mal des problèmes profonds en relation avec la situation économique difficile que connaît le pays et, surtout, avec la crise aiguë des finances publiques.